Le mégot en quelques chiffres

En France, pour l’année 2023, ce sont 29 milliards de cigarettes qui ont été vendues [1].

98 % de ces cigarettes ont un filtre. Malheureusement, une grande partie des 15 millions de fumeurs se débarrasse de ces mégots de façon non écologique. On estime que sur ces 29 milliards de cigarettes fumées, environ 8 milliards de mégots sont jetés au sol chaque année sur le territoire [2].

Les mégots de cigarette et leur débris finissent inexorablement dans les océans, provoquant une gigantesque pollution des écosystèmes marins.

Bourrés de substances chimiques (près de 4000) dont une cinquantaine sont réellement toxiques, chaque mégot jeté dans le caniveau pollue 500 litres d’eau et nécessite une quinzaine d’année pour se dégrader.

Dans le monde, ce sont près de 4 300 milliards de mégots de cigarettes qui sont jetés dans les rues chaque année. Soit l’équivalent de 137 000 mégots par seconde.

En moyenne, il faudra plus d’une dizaine d’années pour que ces mégots se décomposent complètement par photodégradation. Une catastrophe pour l’environnement.

Les écosystèmes marins lourdement menacés

Les mégots de cigarettes sont l’élément le plus fréquemment récupéré lors des nettoyages internationaux des côtes organisés par l’Ocean Conservancy. En 2015, plus de 2 millions de mégots ont été récupérés dans les océans du monde entier, dont plus de la moitié provenaient des États-Unis.

Les filtres sont particulièrement problématiques pour plusieurs raisons. Tout d’abord, contrairement à une idée reçue, les filtres de cigarettes ne sont pas biodégradables. Ils sont photodégradables, ce qui signifie qu’ils se décomposent sous l’effet des rayons UV du soleil, mais les petits morceaux qui en résultent persistent dans l’environnement.

De plus, les mégots de cigarettes contiennent de nombreux produits chimiques toxiques, dont de l’arsenic, de la nicotine, divers métaux lourds et une classe de composés appelés hydrocarbures aromatiques polycycliques. Ces substances sont libérées dans l’environnement lorsque les mégots de cigarettes sont jetés, ce qui constitue la principale cause de l’impact du tabagisme sur les océans.

Les conséquences de cette pollution sur la vie marine sont alarmantes. Des études ont montré que même de petites quantités de mégots de cigarettes dans l’eau de mer peuvent être mortelles pour les poissons et les organismes marins. Une étude a révélé qu’un seul mégot, qu’il reste du tabac ou non, tuait environ la moitié des poissons exposés. D’autres études ont montré que les mégots de cigarettes sont toxiques pour les daphnies (des petits crustacés d’eau douce) et les bactéries marines.

Pour lutter contre ce fléau, plusieurs solutions sont envisagées. La plus évidente est de continuer à réduire le nombre de fumeurs dans la société. D’autres options incluent l’obligation pour les fabricants de cigarettes de rendre les filtres biodégradables, l’imposition d’amendes pour toute personne surprise à jeter des mégots de cigarettes, l’augmentation du nombre de lieux pour se débarrasser de manière responsable des mégots de cigarettes, et plus encore. Quelle que soit l’approche utilisée, la réduction des déchets issus des cigarettes doit être une priorité pour protéger nos océans.

Un impact géant sur la planète

Un rapport de l’Imperial College de Londres sorti en 2018 met en lumière les conséquences environnementales de la production de cigarettes, qui sont souvent négligées.

La production de cigarettes a un impact significatif sur le changement climatique, l’utilisation de l’eau et des terres, et la toxicité. La culture mondiale du tabac nécessite une utilisation importante de terres, d’eau, de pesticides et de main-d’œuvre, toutes ressources limitées qui pourraient être utilisées de manière plus durable.

La production de 6,48 millions de tonnes de tabac sec pour les six billions de cigarettes fabriquées mondialement en 2014 a contribué à près de 84 millions de tonnes d’émissions de CO2, soit environ 0,2% du total mondial. De plus, la production de cigarettes est très énergivore, utilisant du charbon ou du bois, ce qui contribue aux émissions de gaz à effet de serre et à la déforestation. La production de cigarettes utilise également plus de 22 milliards de tonnes d’eau.

La Chine, premier consommateur de cigarettes au monde, récolte plus de 3 millions de tonnes de feuilles de tabac en utilisant plus de 1,5 million d’hectares de terres arables et d’importantes ressources en eau douce. Pendant ce temps, des habitats souffrent de pénurie d’eau et près de 134 millions de personnes sont sous-alimentées dans le pays.

Le rapport compare également l’impact du tabac à celui d’autres cultures qui nécessitent généralement moins d’intrants. De plus, le rendement de ces cultures est souvent nettement supérieur à celui du tabac. Par exemple, au Zimbabwe, un hectare de terre pourrait produire 19 fois plus de pommes de terre que les 1 à 1,2 tonnes de tabac actuellement cultivées.


[1] Source : Logista (société distribuant les produits du tabac sur le territoire français)
[2] Source : Alcome (éco-organisme chargé de la diminution des mégots dans l’espace public en application de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), agréé depuis août 2021 par les pouvoirs publics)

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