Le recyclage des mégots de cigarette

Dans une époque où la préservation de l’environnement est au cœur des préoccupations mondiales, le recyclage des mégots de cigarette émerge comme une question cruciale, englobant des enjeux à la fois écologiques et sanitaires. Confrontés à l’accumulation massive de ces déchets toxiques, les chercheurs et les entreprises se penchent sur des méthodes innovantes pour les valoriser. Explorons le potentiel et les limites des deux principales approches : la transformation des filtres en nouvelles matières utilisables et la valorisation énergétique des mégots.

Transformation et valorisation

Tandis que la première approche cherche à insuffler une nouvelle vie à ces déchets, la seconde se concentre sur la récupération de l’énergie qu’ils peuvent produire. Toutefois, malgré leur promesse, ces solutions ne sont pas exemptes de défis, notamment en ce qui concerne l’efficacité environnementale et la gestion des substances polluantes. Une analyse qui s’appuie sur une étude approfondie de l’INERIS met en lumière la complexité de la situation et l’urgence de trouver des réponses adaptées à ce fléau moderne.

Un enjeu complexe

Le recyclage des mégots implique de transformer les filtres en une nouvelle matière plastique ou fibreuse. Cela contribue à une économie circulaire et peut influencer positivement le comportement des fumeurs. Mais le processus de recyclage actuel n’est pourtant pas neutre pour l’environnement. Il consomme à priori plus de ressources qu’il n’en produit, particulièrement en termes de matières premières, d’eau et d’énergie et il n’existe pas encore de preuve que les entreprises qui recyclent les mégots ont trouvé des solutions permettant de dépolluer à 100% les mégots.

La valorisation énergétique, d’autre part, consiste à récupérer la chaleur produite par les déchets en combustion pour la transformer en énergie. C’est une solution plus accessible et moins coûteuse que le recyclage, mais elle n’est pas aussi attrayante pour le public et bien qu’elle détruise les polluants à 100%, elle détruit également une potentielle matière première.

Le recyclage a un grand potentiel, mais pour le moment, les procédés actuels ne sont pas assez aboutis pour être considérés comme de véritables solutions. La valorisation énergétique, bien qu’elle soit une solution pour palier à l’urgence de la situation, reste probablement à privilégier, en raison de son cycle de transport court et de son coût inférieur.

Les limites du recyclage

Une étude de l’INERIS (Institut national de l’environnement industriel et des risques) initialement créée en 2017 et mise à jour en 2019, s’est penché sur les différentes méthodes de recyclage et de valorisation des mégots de cigarettes.

Cette étude [1] a exploré deux principales méthodes de gestion des mégots de cigarettes : la valorisation matière et la valorisation énergétique.

La valorisation matière, bien que prometteuse, est encore en phase de recherche et développement, avec des entreprises comme Mégo! et EcoMégot explorant différentes approches. Cependant, la question du devenir des polluants lors du recyclage reste largement inexplorée.

Quant à la valorisation énergétique, qui consiste à récupérer l’énergie des mégots lors de leur combustion, est jugée par l’institut comme une solution plus accessible et moins coûteuse, tout en soulignant qu’une étude plus approfondie est nécessaire pour comprendre le devenir des polluants lors de la combustion.

Le principal problème pour évaluer l’efficacité des solutions déjà existantes, qui sont menées par des sociétés privées, reste la confidentialité des données d’entreprises, qui se font toutes concurrence. Le rapport de l’INERIS stipule qu’à ce jour « aucune information technique relative à la performance environnementale n’a pu être obtenue du côté des filières de valorisation matière, soit parce qu’elles ne sont pas disponibles, faute d’études menées sur ce point, les procédés étant encore au stade de la recherche et du développement, soit parce que le domaine étant concurrentiel, les entreprises qui disposaient d’informations à ce sujet n’ont pas souhaité les communiquer.« 

[1] Etude des filières de recyclage des mégots de cigarettes – Rapports d’appui / 28 février 2019

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